Les années 1920-1950 : les premiers drames recensés
Le 16 août 1927, à Borgo, un jeune berger de 17 ans est surpris par les flammes et meurt, isolé et sans secours possible. Le 31 juillet 1945, à Prunelli di Fiumorbu, sept civils, dont plusieurs membres d’une même famille, périssent encerclés par un incendie attisé par la chaleur et le vent. Leurs noms, gravés dans le marbre funéraire, perpétuent un souvenir discret mais tenace. Le 13 septembre 1957, un feu dévastateur ravage 15 000 hectares en Balagne. Cinq balanins, dont une famille calvaise avec un enfant en bas âge, y trouvent la mort. Les années 1980 : randonneurs, bergers et habitants piégés
Le 31 juillet 1982, dans la forêt de Bonifato, quatre randonneurs italiens succombent à un incendie soudain, piégés par le relief escarpé et la rapidité des flammes. Le 30 juillet 1983, à Monticello, une femme âgée de 78 ans meurt lors d’un feu touchant la commune. Le 4 août 1989, à Vallecale, un berger de 23 ans est encerclé par les flammes. Le 31 juillet 1989, à Meria, dans le Cap Corse, deux vacanciers italiens perdent la vie et deux autres sont blessés lorsque le feu coupe la route au lieu-dit « Murtedda ».
Les années 1990 : drames sur route et dans les airs
Le 13 août 1992, à Porto-Vecchio, une commerçante de Bonifacio est piégée par un incendie alors qu’elle circulait en voiture. Le 17 juillet 1994, à Campitello, un avion de reconnaissance de la sécurité civile, mobilisé contre un feu, s’écrase sur la plage : en plus des pilotes, trois personnes, dont une jeune Ajaccienne de 25 ans et deux ressortissants allemands, y trouvent la mort.
Les années 2000 : une tragédie familiale
Le 31 août 2003, à Santa-Maria-di-Lota, une jeune mère de famille de 25 ans est grièvement brûlée après avoir été encerclée par les flammes. Hospitalisée à Lyon, elle décède de ses blessures le 14 septembre suivant.
Une mémoire fragmentaire
En Corse, 31soldats du feu ont perdu la vie dans l’exercice de leur mission depuis le XXe siècle. Leur mémoire est entretenue par des plaques, des hommages, des cérémonies. Mais 32 civils ont aussi péri dans les flammes. Leurs noms, eux, sont souvent absents de l’espace public. Leur souvenir existe, mais il circule autrement : dans le cercle familial, à travers quelques gestes simples, dans une fleur déposée à l’orée d’un chemin, dans une inscription discrète sur une pierre. Pour certaines familles, notamment étrangères, la douleur a imposé le silence, la retenue, parfois même l’oubli volontaire.
Un travail de mémoire en cours
Conscients de ce déséquilibre, les sapeurs-pompiers de Haute-Corse (SIS 2B) ont entrepris, dans la discrétion, un travail de recensement des victimes civiles des incendies survenus au fil des décennies. Ce travail de mémoire, mené avec sérieux et respect, vise à reconnaître pleinement ces existences disparues, trop souvent restées anonymes. Il s’étend également à une période antérieure à 1927, avec des recherches en cours concernant plusieurs victimes supplémentaires. Les identités et circonstances exactes font encore l’objet de vérifications, afin d’en garantir l’exactitude historique et permettre un hommage collectif dans le futur.
Reconnaître toutes les vies
À l’occasion récente du 80e anniversaire du drame de Prunelli di Fiumorbu le 31 juillet dernier, le souvenir de ces civils a refait surface. Il ne s’agissait pas d’une commémoration officielle, mais d’un rappel silencieux que chaque victime, quel que soit son statut, mérite sa place dans la mémoire collective. Pompiers en uniforme ou civils pris au dépourvu, tous ont été emportés par le même feu. Se souvenir d’eux, sans bruit ni oubli, c’est refuser toute hiérarchie dans la douleur. C’est reconnaître que chaque vie compte, que chaque nom mérite d’être dit.











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